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Projet « Dupond-Moretti » : la réforme de trop ?

Restaurer la confiance des français dans la Justice. L’ambition – sous forme d’invocation – était louable. Pourtant depuis sa présentation mercredi en Conseil des ministres, le projet de loi présenté par le Garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti essuie une volée de bois vert dans le monde judiciaire et en particulier, logiquement, du côté des avocats pénalistes. Le point sur une réforme qui a du mal à convaincre.

Un projet fourre-tout trop ou pas assez ambitieux ?

Premier point d’achoppement. Le moins que l’on puisse dire est que le texte est éclectique. Alors qu’il ne compte « que » 36 articles, il aborde de front de nombreux aspects de la procédure, des audiences filmées – mesure phare, out tout du moins médiatique du projet – à la réforme de l’application des peines, en passant par les perquisitions de cabinets d’avocats, la limitation de la durée des enquêtes préliminaires ou encore le travail des détenus. Sur ce dernier point, il est à noter que le consensus est cependant quasi acquis. C’est à souligner car c’est l’un des rares articles du projet à faire l’objet d’un tel accord. La reconnaissance de « droits sociaux aux personnes détenues dès lors qu’ils sont utiles à leur réinsertion » n’y est sans doute pas étrangère.

Pour le résumer, on pourrait ordonner le projet de loi autour de quatre grandes thématiques :

> Les dispositions relatives aux professionnels du droit. Rapidement ici. Un Code de déontologie, préparé par l’instance nationale de chacune des professions concernées, est prévu pour : les avocats au Conseil d’État et à la Cour de cassation, les commissaires de justice, les greffiers des tribunaux de commerce et les notaires. Par ailleurs, en cas de réclamation, une conciliation devra être envisagée en première intention. Enfin, le fameux article 700 du Code de procédure civile, relatif aux frais exposés et non compris dans les dépens, pourrait être modifié et l’article 66-5 de la loi n° 71-1130 du 31 décembre 1971 amendé pour permettre « la production en justice de tout élément nécessaire à la justification des sommes demandées au titre des frais exposés et non compris dans les dépens ». Guère de remous ici.

> La diffusion (et l’enregistrement) des audiences. C’est ici la sempiternelle loi de 1881 sur la liberté de la presse qui se voit complétée et affublée d’un nouvel article 38 quater afin de permettre l’enregistrement d’une audience « pour un motif d’intérêt public en vue de sa diffusion ». Cet enregistrement est strictement encadré et défini. Deuxième point d’achoppement. En voulant « faire entrer la justice dans le salon des particuliers », d’aucuns considèrent la mesure comme une mesure « marketing » ou encore « un gadget qui n’est pas à la hauteur des enjeux » (Christian Saint-Palais, président de l’Association des Avocats pénalistes, dans une interview donnée à l’Obs. le 14 avril 2021).

> La fin de la réduction automatique de peines et le contrat pénitentiaire. Exit donc la réduction de peines automatiques, « illisible et incompréhensible » selon les propres mots du ministère de la Justice. Désormais, c’est le juge de l’application des peines qui s’y collera. Il pourra ainsi accorder des réductions de peines allant jusqu’à six mois par année de détention pour les condamnés ayant « donné des preuves suffisantes de bonne conduite ou qui ont manifesté des efforts sérieux de réinsertion ». Une mesure jugée quant à elle « populiste ».
Notons ici que la détention provisoire est elle aussi remodelée afin de la limiter aux seuls cas où elle est indispensable.

Haro sur la réforme des assises

Aujourd’hui, un procès d’assises c’est entre treize mois et trois ans d’audiencement. Conséquence inévitable : un encombrement qui n’a de cesse d’augmenter. L’objectif est clairement défini : il s’agit ici de réduire les flux de moitié. « Je veillerai à ce que les enquêtes préliminaires restent préliminaires et ne soient pas éternelles », avait annoncé le Garde des Sceaux. Troisième pan de la réforme, et troisième point d’achoppement, qui constitue sans doute la pierre angulaire des mécontentements relatifs au projet.

> Le déroulement de la procédure (pénale). Sont ici concernés (1) limitation de la durée des enquêtes préliminaires (deux ans + un an), « un épiphénomène » selon Ludovic Friat, secrétaire général de l’Union syndicale des magistrats. En effet, selon les chiffres de la Chancellerie, en 2020, 3 % seulement des enquêtes préliminaires étaient ouvertes depuis plus de trois ans ; (2) secret de la défense, consacré par un nouvel article préliminaire du Code de procédure pénale : « Le respect du secret professionnel de la défense est garanti au cours de la procédure dans les conditions prévues par le présent code », précision étant faire que « lorsque la perquisition est justifiée par la mise en cause de l’avocat, elle ne peut être autorisée que s’il existe contre celui-ci des raisons plausibles de le soupçonner d’avoir commis ou tenté de commettre l’infraction qui fait l’objet de la procédure ». Autre point intéressant ici, l’encadrement pour le moins strict « des données de connexion liées à l’utilisation d’un réseau ou d’un service de communications électroniques » d’un avocat ; (3) et généralisation des cours criminelles départementales. Jusqu’alors en phase d’expérimentation dans 24 départements, elles devraient être étendues à l’ensemble du territoire au 1er janvier 2022. Le bilan de l’expérimentation serait en effet positif, notamment en termes de délais, qui s’en trouveraient largement réduits permettant ainsi de désengorger de façon significative les cours d’assise mais également de réduire les taux de recours à la correctionnalisation. Une aubaine ? Pas vraiment. Car le moins que l’on puisse dire est que ce pan du projet de loi fait grincer les dents. Quatrième point d’achoppement. En généralisant les cours criminelles départementales pour les crimes punis jusqu’à vingt ans de prison, le Garde des sceaux s’est enfoncé un clou dans le pied. Et pour cause. L’ancien avocat pénaliste avait lui-même ouvertement contesté le procédé, le qualifiant de « mort de la cour d’assises » ! C’est que nombre d’avocats pénalistes sont attachés intrinsèquement aux cours d’assises, vestige révolutionnaire d’une « démocratie directe » et d’un idéal de justice populaire. En effet, dans les cours criminelles départementales, il n’y a plus de jurés, mais des magistrats. Et c’est précisément là que le bât blesse.

Le projet sera examiné dès le mois de mai en procédure accélérée devant le Parlement. Les syndicats de magistrats sont d’ores et déjà vent debout, dénonçant, outre une absence de concertation, une déconnexion totale de la réalité et des moyens. À l’instar de Christian Saint-Palais, président de l’Association des Avocats pénalistes, pour qui le projet « vient saupoudrer des mesurettes sur des dispositions où parfois nul ne l’attendait ». Pis, il dénonce des « dispositions […] mal rédigées et [qui] laissent planer des ambiguïtés préoccupantes sur des sujets graves comme les perquisitions de cabinets d’avocats ».

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Avocats, repensez vos honoraires ! (3ème partie)

Un avocat est là pour conseiller et défendre ses clients, mais il ne le fait généralement pas de façon gratuite (hors cas du pro bono et de l’aide juridictionnelle dans une certaine mesure).

Les honoraires restent un sujet important pour lui, et nous allons nous pencher sur la question des honoraires impayés.

L’importance des impayés pour les avocats

Dans les deux premières parties de notre dossier sur les honoraires, nous avions insisté sur :

    • • le besoin d’établir une grille tarifaire réfléchie et basée sur des éléments importants pour vous (temps passé, frais engagés, degré de spécialisation…) ;
    • • l’intérêt d’une communication efficace de ces honoraires auprès d’un public qui a besoin de comprendre avant de s’engager.

Cependant, ce n’est pas parce qu’un client comprend vos honoraires qu’il ne risque pas d’être en défaut de paiement.

Pour les avocats, les impayés, s’ils ne représentent pas la majorité de leurs dossiers, restent importants.

A la question :

“Sur 10 clients, combien devez-vous relancer pour le règlement de vos honoraires ?”

La réponse des avocats (échantillon de 100 personnes) est éloquente :

Un peu plus de 4 clients sur 10 doivent être relancés* au moins une fois avant qu’ils ne procèdent au paiement des honoraires dus à l’avocat.

Quelle est la procédure à suivre lorsque les relances se suivent et ne débouchent pas sur un règlement rapide ?

Et surtout, comme faire une sorte que de 4 clients relancés, vous passiez à 2 voire un seul ?

* Résultats du sondage : 4.28 clients sur 10 doivent être relancés pour le paiement des honoraires (échantillon de 100 avocats)

Comment saisir le Bâtonnier en matière de fixation d’honoraires ?

Lorsqu’un client ne règle pas les honoraires qu’il vous doit, vous pouvez saisir le Bâtonnier. Deux moyens sont à votre disposition :

    • • par voie postale en lettre recommandée avec accusé de réception ;
    • • en remise en main propre contre remise de récépissé (à l’accueil du service).

Cette saisine du Bâtonnier doit comporter plusieurs éléments pour être recevable : les coordonnées du client, un extrait kbis de moins de 3 mois s’il s’agit d’une personne morale, la fiche de diligence, une copie des factures adressées au client ainsi qu’une mise en demeure

Votre dossier sera traité dans les 4 mois, renouvelable une fois, dès réception de la saisine par le service de la fixation des honoraires.

Il s’agit là de la dernière solution, à ne mettre en place que si le dialogue avec votre client est rompu ou qu’il vous a explicitement fait comprendre qu’il ne réglerait pas vos honoraires.

En amont, vous pouvez mettre en place une solution simple qui peut vous aider à réduire vos impayés.

La solution idéale ?

Quel outil permet de résoudre de façon simple et simultanée ces trois problèmes afin de réduire votre part d’honoraires impayés ?

En tant qu’avocat, vous n’avez pas forcément envie d’investir dans un terminal de paiement bancaire qui peut engendrer des frais d’installation et de maintenance.

Par ailleurs, votre client peut aussi ne pas pouvoir pouvoir passer à votre cabinet pour régler vos honoraires et préfère le faire directement depuis son canapé.

Vous pouvez alors passer au paiement en ligne de vos honoraires. Simple et efficace, cette méthode a trois intérêts principaux :

    • • proposer aux justiciables une façon moderne de régler vos honoraires : comme nous l’avons vu précédemment, de moins en moins de Français utilisent les chèques, alors que 61% d’entre eux plébiscitent la carte bleue.

En passant au paiement en ligne de vos honoraires, vous répondrez ainsi à une demande de plus en plus forte de la part de vos clients.

    • • pouvoir relancer de façon simple vos clients : il vous suffit d’avoir le montant de vos honoraires ainsi que l’adresse mail de votre client.

En utilisant la plateforme de paiement en ligne mise à votre disposition sur mon-avocat.fr, vous pourrez ainsi envoyer en quelques clics un mail à votre client afin qu’il puisse procéder au paiement de vos honoraires directement par carte bancaire.

    • • proposer à vos clients le fractionnement de vos honoraires : vous décidez du montant à honorer chaque mois (par exemple), en concertation avec votre client si nécessaire afin de réduire au maximum votre part d’honoraires impayés. En effet, un justiciable qui a du mal à régler vos honoraires essayera de le faire dans la mesure de ses moyens si vous faites preuve de souplesse.

Si cette façon de faire ne garantit pas le paiement immédiat de vos honoraires, elle a le mérite de faciliter vos relances ainsi que les démarches de votre client.

Et vous, comment gérez-vous vos honoraires et leur paiement ?
Faites-vous preuve de souplesse vis-à-vis de vos clients ?

N’hésitez pas à nous donner votre avis dans les commentaires.

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Avocats, repensez vos honoraires ! (2ème partie)

Dans la première partie de notre dossier, nous avons abordé la question de l’accessibilité de votre expertise pour les Français.

Bien qu’il s’agisse de protéger leurs intérêts, il est parfois difficile de franchir le pas de votre office, très souvent en raison du coût d’une consultation.

Si la communication est essentielle, il est tout aussi important de repenser votre grille tarifaire (sans forcément revoir vos prix, nous y reviendrons) afin de toucher une population plus large.

Comment repenser vos honoraires afin de développer votre clientèle efficacement ?

Plusieurs stratégies peuvent être envisagées.
Voici quelques pistes que vous pouvez suivre pour vous aider.

Premièrement, ne soyez pas tenté par la stratégie des “honoraires les plus bas possibles pour attirer plus de clients”.

Cette stratégie, sûrement payante sur le court terme, n’en est pas réellement une sur le long terme.

L’établissement d’une grille tarifaire doit s’appuyer sur plusieurs choses :

    • Votre expertise dans un domaine d’intervention : un avocat spécialisé aura un taux horaire plus élevé qu’un jeune avocat sans spécialisation par exemple.
    • La population que vous souhaitez viser : à mettre en corrélation avec le domaine d’intervention dans lequel vous évoluez : un litige en droit international implique nécessairement un taux horaire plus élevé qu’un litige en droit de la famille.
    • Le temps que vous allez passer sur chaque affaire et qui définira
      le coût réel de la prestation.
    • Vos charges à la fin du mois : comme toute profession libérale, vos charges représentent généralement 50% de ce que vous recevez. Vos clients ne le savent peut-être pas, mais ils influencent directement l’établissement de votre taux horaire.

Tant de choses qui doivent entrer en compte dans votre stratégie d’établissement de prix et que vous ne devez pas négliger. 

Quelle est la part que vous accordez à chacun de ces points dans l’établissement de votre grille tarifaire ?

Un avocat senior pourra – et devra – accorder plus de points à son expertise par exemple et prendra moins en compte ses charges sociales car elles seront rapidement amorties par son expertise poussée.

Un jeune avocat, au contraire, gardera toujours à l’esprit les charges qu’il aura à verser à la fin du mois car elles conditionnent pour beaucoup sa rétribution.

Une communication efficace sur vos honoraires : la clé du succès

Une fois cette question réglée, vous pourrez vous concentrer sur la partie la plus importante des honoraires : savoir les communiquer à vos potentiels clients. 

Car il ne faut pas se leurrer : un client qui accepte vos honoraires sans rechigner est un client qui a compris comment ils fonctionnent.

Se baser sur son taux horaire et le disséquer afin de parvenir à un chiffre qui inspire plus confiance lorsque votre travail ne vous a pas pris une heure est une bonne chose, mais communiquez-vous sur cette possibilité ?

Là se situe le problème : ce qui est normal pour vous ne l’est pas forcément pour le justiciable.

S’il pense qu’il sera dans tous les cas facturé 200€ pour un rendez-vous chez un avocat qui dure 20 minutes et où il n’aura droit qu’à un conseil rapide sur une procédure, il ne sera pas rassuré.

Qui le serait à sa place ?

Pour que les choses soient plus concrètes, prenons le cas de Maître Anthony Joheir, avocat au barreau de Marseille en droit pénal et droit du dommage corporel, qui a accepté de répondre à nos questions :

“Je propose toujours une première consultation gratuite.

Cette consultation est déterminante parce qu’elle permet une première analyse juridique du dossier et de déterminer les conditions financières de mon intervention. Je rédige après la consultation une convention d’honoraires très détaillée que j’envoie au client. Si ce dernier souhaite mon intervention, nous fixons un second rendez-vous pour signer la convention et le règlement des honoraires convenus.

Le client a ainsi un délai de réflexion entre ces deux rendez-vous avant de s’engager avec moi.”

Une convention d’honoraires très détaillée, c’est ce que votre potentiel client attend au terme d’un premier rendez-vous avant de faire le choix de s’engager auprès de vous.

C’est là tout l’enjeu du travail de communication autour de vos honoraires : faire comprendre que le taux horaire n’est pas fixe mais aussi que le fameux “forfait” qui veut tout et rien dire à la fois veut dire quelque chose.

Essayez au maximum de mettre des chiffres derrière les termes que vous utilisez pour parler de vos honoraires.

Vos clients comprendront alors mieux ce qui les attend à l’issue d’une consultation et ne viendront pas à votre cabinet la boule au ventre.

Si c’est le cas, ce sera pour d’autres raisons que pour vos honoraires.

Où mettre ma grille tarifaire en avant ?

Disposez-vous d’un site internet ?

Cela peut être un bon endroit pour en parler.

Si votre potentiel client recherche des informations sur vous en particulier, il est probable qu’il visite le site de votre cabinet.

Rédigez un article où vous expliquez vos honoraires et ce que cela représente, cela contribuera à le mettre en confiance.

Si vous êtes présent sur un site de mise en relation, il peut être également intéressant d’essayer d’en parler dès qu’un potentiel client vous contacte.

C’est très important notamment si vous êtes un jeune avocat qui n’a pas encore une clientèle bien établie.

Vous permettant de vous faire connaître d’un plus grand nombre, être présent sur une plateforme de mise en relation est très souvent bénéfique pour le développement de votre clientèle.

En ce qui concerne les honoraires et votre façon de les mettre en avant sur une plateforme de mise en relation, vous pouvez indiquer à votre client potentiel que le taux horaire que vous mettez en avant sur votre fiche n’est qu’indicatif et que vous vous adaptez bien évidemment au problème auquel vous allez être confronté.

Simple et efficace, cette précision peut le rassurer

Avez-vous votre propre façon de mettre en avant vos honoraires ?

Si oui, est-ce que cela fonctionne ? N’hésitez pas à nous faire vos retours.

Il s’agit d’un sujet très important et les usages diffèrent d’un avocat à un autre.

Le partage permet de savoir comment vous vous situer par rapport à vos confrères.

Dans la 3ème et dernière partie de notre dossier, nous aborderons la question des honoraires impayés, primordiale pour beaucoup d’entre vous. Comment les limiter et faire en sorte que votre client paye de lui-même sans relance et saisine de l’Ordre des avocats ? C’est la question à laquelle nous tâcherons de répondre.

N’hésitez pas à commenter cet article pour nous dire où vous en êtes dans votre réflexion sur vos honoraires.

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Comment bien dialoguer avec vos clients ?

Vous le savez, la relation client est au cœur de la performance des métiers de conseil.

C’est d’autant plus vrai pour une profession concurrentielle comme celle d’avocat, où transformer ses contacts en dossiers est une réelle problématique.

Découvrez nos conseils pour bien entamer le dialogue avec vos clients, dès la première consultation.

Adaptez-vous aux nouvelles attentes de vos clients

Les attentes des justiciables envers les avocats évoluent en permanence, que ce soit en termes de prix, de rapidité ou de qualité.

Vous devez faire en sorte de vous adapter en conséquence.

En effet, si vos clients “font votre cabinet”, ils peuvent aussi le défaire en cas d’insatisfaction.

Pour améliorer les liens que vous entretenez avec votre clientèle vous devez donc repenser la relation client en remettant le justiciable au cœur de votre stratégie.

Interagir avec ses clients, c’est également accepter d’échanger et d’établir un dialogue franc, sincère et productif avec eux.

Les clés d’un bon dialogue

La relation client se travaille dès la première consultation.

Il s’agit d’un moment de rencontre et d’échange important où vous allez pouvoir jauger votre futur client, mais où il pourra également se faire un avis sur vous.

Voici 5 conseils pour établir un bon dialogue d’entrée de jeu :

1) Soyez accessible

Ce n’est pas une surprise, votre client s’attend à pouvoir vous solliciter quand il le souhaite.

La disponibilité est donc clé.

Pour éviter les frustrations de votre côté comme du sien, informez votre client dès le premier rendez-vous du moyen de communication le plus propice pour vous joindre (téléphone, email, sms…) ainsi que de vos horaires.

Evitez à tout prix que le justiciable ait l’impression que vous ne répondez jamais à ses appels, il pensera alors que vous ne travaillez pas sur son affaire.

L’accessibilité passe aussi par une simplification du droit pour votre client, très souvent profane en la matière.

Essayez de vulgariser au mieux les termes et notions complexes des procédures que vous allez entreprendre, pour l’aider à se sentir impliqué dans le dossier.

Pourquoi ne pas vous aider de supports visuels (arbre de décision, infographie, power point, slideshare…) pour illustrer au mieux la procédure ?

2) Soyez à l’écoute

Le dialogue commence par l’écoute.

Commencez donc par faire parler votre client et par l’écouter pour mieux comprendre ses besoins, ce qui est la clé pour mieux l’accompagner dans ses démarches et le conseiller.

En effet, votre stratégie doit être construite autour des besoins de votre client avant tout et lui seul est en mesure de vous les communiquer.

En plus de vos compétences en droit, vos clients attendent de votre part une disponibilité “émotionnelle” à un moment parfois difficile de leur vie.

3) Personnalisez votre stratégie

Chaque client est unique et veut se sentir comme tel.

Pour cette raison, vous devez vous efforcer de construire une stratégie personnalisée, sur mesure et parfaitement adaptée aux besoins de votre client.

Evitez une solution standardisée ou déconnectée de sa réalité, au risque qu’il le ressente au cours de vos échanges et ne se sente pas accompagné comme il s’y attend.

4) Établissez un partenariat avec le client

Votre relation client doit entretenir une compréhension mutuelle avec votre client.

Pour cela, travaillez votre contact, votre réactivité et votre communication mais également votre transparence au cours des échanges.

Il s’agit de créer des conditions propices à un véritable partenariat, qui pourra s’inscrire dans le temps indépendamment de l’issue du dossier.

5) Créez une relation de confiance

Enfin, établir un bon dialogue avec votre client doit vous aider à nouer une relation à long terme avec celui-ci.

Pour fidéliser votre clientèle, ne négligez ainsi pas la relation de confiance qui peut se créer entre un justiciable et son avocat.

Soyez clair et transparent sur vos honoraires dès le premier rendez-vous et tenez le régulièrement au courant de l’avancée de son dossier.

Un client vous faisant confiance sera d’autant plus propice à vous recommander à ses proches à l’avenir.

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Avocats, 5 conseils pour fidéliser durablement votre clientèle

Une clientèle fidèle qui parle positivement de votre expertise, c’est ce que vous recherchez probablement en tant qu’avocat.

Il s’agit alors de mettre en place une réelle stratégie marketing
(non, ce n’est pas un gros mot) basé sur la segmentation de votre clientèle :

Vos clients ne veulent pas tous la même chose et il est important de connaître les besoins de chaque client pour adapter vos actions marketing dans le futur. 

Voici 5 astuces pour développer une relation de confiance avec eux.

1. Rappelez-les quand ils vous contactent

Cela peut sembler évident, mais il nous semblait important de le rappeler.
Un justiciable qui entre en contact avec vous souhaite vous avoir au bout du fil rapidement.

Si ce n’est pas immédiat, il est important de le rappeler dès que possible afin de lui montrer que vous lui accordez de l’importance.

J’entends souvent les plaintes des justiciables n’ayant pas eu de réponse de la part de l’avocat qu’ils ont contacté trois semaines auparavant.

Ce type de comportement nuit à la réputation de l’auxiliaire de justice en question mais donne aussi une mauvaise image de la profession en général.

La satisfaction client est une donnée importante, et les rappeler peut vous aider à améliorer cette donnée.

2. Prêtez attention à leur vie personnelle

Un client qui vous contacte pour un problème lié au droit du travail, de la famille ou autre domaine portant atteinte à leur vie personnelle attend de vous une certaine disponibilité “émotionnelle”.

D’où l’importance pour un avocat de développer ses soft skills (pédagogie, écoute, etc.).

Vos clients attendent souvent une prise en charge humaine de leur problème, au même titre qu’un traitement rapide et efficace de leur dossier.

Nul besoin de remplacer au pied levé un psychologue : prenez simplement quelques minutes pour réellement les écouter.

L’aspect humain du métier est indispensable et vous permettra de laisser un bon souvenir à votre client qui reviendra très probablement vers vous s’il a besoin d’autres conseils juridiques.

Le plus important est la communication avec votre client

3. Préparez des questionnaires de satisfaction

Comment fidéliser efficacement votre clientèle ?

Vous avez répondu rapidement à sa demande, vous vous êtes intéressé à lui en tant que personne et non en tant que client uniquement, il faut maintenant assurer le “service après-vente”.

C’est un point essentiel pour que votre clientèle se sente valorisée.

Il vous faut donc développer une enquête de satisfaction via des questionnaires que vous enverrez à vos clients quelques jours après la résolution de leur affaire/avoir donné les conseils juridiques qu’ils attendaient. 

Il est possible d’utiliser Typeform qui propose des modèles simples et agréables visuellement.

Cela a une double fonction : vous pourrez d’une part connaître vos points d’amélioration, ce qui n’a pas fonctionné vis-à-vis de leurs attentes, et vos clients sentiront que vous êtes dévoué à votre métier et que leur avis compte.

Il s’agit d’un vrai indicateur de performance pour l’avocat.

4. Intégrez-les à vos newsletters

Il s’agit encore d’une façon d’avoir un suivi de vos anciens clients. Ainsi, ils auront d’une part des conseils sur l’évolution de la législation dans votre domaine d’intervention, mais également des nouvelles de votre cabinet.

Cela permet d’humaniser la relation que vous avez avec eux afin que l’image positive de votre expertise qu’ils avaient lors du traitement de leur dossier soit pérenne.

Cette newsletter doit être mensuelle voire trimestrielle afin de ne pas les submerger d’informations qui ne les intéressent pas.

Cependant, il s’agit d’un must-have pour les avocats qui souhaitent installer durablement leur “marque” dans l’esprit des justiciables.

L’email est un bon moyen de rester en contact avec vos clients

5. Faites un point au bout de quelques mois

Par téléphone pour une plus grande proximité, par mail si vous avez moins de temps : faire un point au bout de deux ou trois mois est aussi important lorsque vous effectuez votre suivi client.

Cela permet de savoir si le demandeur n’a pas d’autres questions juridiques mais cela permet surtout de continuer à développer cette image positive de votre expertise.

D’autres procédés peuvent être mis en place : si vous suivez depuis longtemps un client, vous pouvez également lui prodiguer de temps à autre des conseils juridiques gratuits afin qu’il se sente en confiance avec vous et qu’il n’aille pas voir ailleurs.

Intéressez-vous aux techniques marketing qui ont fait leurs preuves et utilisez-les avec parcimonie : c’est souvent ce que vos clients attendent et ils vous le rendront bien.

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Avocats, 7 types de clients que vous allez forcément rencontrer !

Vous, avocats, êtes humains… Et vos clients aussi.

Ils sont tous différents et n’ont pas les mêmes attentes et traits de personnalité.

Voici 7 profils de clients sur lesquels vous pouvez tomber ou êtes déjà tombé en tant qu’avocat.

Le Monsieur “je sais tout”

Son Profil

“J’ai vu que Marie-Chantal avait le même problème que moi, elle a juste eu une amende à payer, je pense pouvoir m’en tirer avec la même chose. Il suffit simplement de déposer un recours, mais vous le savez déjà, non ?”
Le type de client que vous préférez, sans aucun doute… Il connaît mieux la loi que vous – malgré vos 8 années d’études – et a déjà pris tous ses renseignements sur des forums, explorant parfois les recoins les plus sombres d’Internet.

Comment le gérer

Gardez votre sang-froid. S’il commence à vous poser des questions d’un air inquisiteur, ne tombez pas dans son piège ! Répondez du tac au tac à ses questions, il les enchaînera de plus en plus vite jusqu’à ne plus en avoir en réserve. Pointez ses contradictions de manière diplomatique. Vous pourrez alors savourer votre victoire par KO et mettre en avant votre expertise d’avocat.

Celui qui se croit dans un épisode de Suits

Son Profil

“Alors, elle est où votre secrétaire sexy ? J’attends toujours mon whisky” dit-il avec un clin d’oeil appuyé, un petit sourire au coin des lèvres. Et non, vous n’êtes pas au bar du coin, mais bien dans votre cabinet, derrière votre bureau.

Votre client a semblé surpris lorsqu’il a vu que vous n’aviez ni les cheveux gominés, ni un costard à 3000€ (ou un soyeux brushing et une paire de Louboutin) mais il s’attend toujours à ce que vous trouviez la solution à ses questions en moins de 5 secondes, montre en main.

Comment le gérer

Première option, vous pouvez entrer dans son jeu et réciter les meilleures punchlines de Suits ou Ally McBeal si vous les avez en tête. On vous en donne une de Suits comme antisèche : “n’importe qui peut faire mon travail, mais personne ne peut être moi”. Ne nous remerciez pas, c’est cadeau !

Seconde option, lui dire les choses comme elles sont : la vie réelle n’est pas comme dans les séries américaines mais cela ne vous empêche pas d’être compétent pour son litige même si vous ne buvez pas d’alcool à longueur de journée dans votre bureau dominant les hauteurs de New-York.

D’ailleurs, vous n’avez pas même pas de bureau à New-York quand on y pense, vous préférez le calme et la verdure d’Aurillac.

L’optimiste

Son Profil

Il vous fait confiance et ne vous le cache pas. S’il a choisi d’avoir recours à un avocat, c’est pour gagner son procès, aucune autre issue est possible dans son esprit. Pour l’Optimiste, l’avocat ne peut que gagner car il est là pour le représenter et protéger ses arrières, n’est-ce pas ?

Comment le gérer

Toujours sympathique, l’Optimiste n’hésitera pas à vous appeler régulièrement pour prendre des nouvelles de son dossier. N’hésitez pas à lui parler de vos chances de réussite si elles sont minimes… Il pourra se préparer à une éventuelle défaite plus facilement.

Le pessimiste

Son profil

S’il a fait appel à vous, c’est uniquement car sa mère l’a amené de force à votre cabinet, rien de plus. Il pense que son dossier est une cause perdue, et il n’hésitera pas à vous le faire sentir dès les premières minutes en réfutant tout ce que vous dites.

Comment le gérer

Le Pessimiste vous poussera dans vos retranchements en secouant la tête à chacune de vos interventions, mais ne lâchez rien. Faites votre travail d’avocat et répondez posément à ses questions. Il finira par baisser sa garde tôt ou tard devant votre professionnalisme et vous pourrez avancer ensemble. Si vous lui assurez la victoire, nul doute que vous sentirez une réelle différence dans son comportement.
En revanche, il n’est pas sûr qu’il revienne vers vous en cas de défaite.

Le psychopathe

Son Profil

Il se balance de gauche à droite sur sa chaise – s’il le fait d’avant en arrière, ça fonctionne aussi – en regardant dans le vide. Sa technique d’approche change selon les jours (pleine lune ou pas). On notera également qu’il est venu pour des conseils juridiques, et non parce qu’il avait un problème, ce qui est assez rare pour être souligné.

Mais ses questions sont pour le moins étonnantes : “si j’utilise un couteau pour faire des petits trous dans la peau de ma compagne, je risque combien ?
Pas pour la tuer, non, juste pour faire des petits trous…” mais également “et si je monte une holding avec les fonds d’investisseurs travaillant à Orange pour racheter Free avant de le vendre à l’Etat ? Est-ce que l’autorité de la concurrence peut m’inquiéter ?” Oui, nous aussi on cherche encore la cohérence.

Comment le gérer

Appelez un hôpital psychiatrique. Vite. Ou alors, pensez que si vos réponses sont pertinentes, vous allez gagner un client fidèle.

Le old school

Son Profil

C’est un vieux de la vieille, assez traditionnaliste, qui ne comprend généralement pas pourquoi vous lui envoyez des documents par mail parce que “vous comprenez Maître, de mon temps, on envoyait tout par courrier et on n’avait pas de problème si votre Internet plantait”. Il a d’ailleurs un petit côté paternaliste qui vous agace.

Comment le gérer

Gardez le sourire, serrez les dents et expliquez que vous suivez la procédure. Ce genre de clients aiment que les choses soient faites dans les règles, donc soyez patient et prenez le temps de tout bien lui expliquer.

L’ancien avocat

Son profil

Il rejoint un peu le profil du monsieur “je sais tout” sauf que lui, pour le coup, sait vraiment beaucoup de choses. C’est peut-être lui le plus agaçant de tous, parce qu’il vient vous voir que parce qu’il ne peut pas se représenter lui même. Vous avez l’impression de vous voir dans 30 ans, et vous n’aimez pas trop l’arrogance qui se dégage du personnage… Oh mon dieu, est-ce ça que les gens voient quand ils vous parlent ?

Comment le gérer

S’il vient vous voir, même si c’est uniquement de la représentation, c’est qu’il a quand même un souci et a besoin de vous. Ecoutez ses problèmes, laissez le parler, mais montrez lui que vous avez du caractère et que vous n’êtes pas toujours d’accord avec ce qu’il propose, il ne vous en respectera que davantage. Et puis, qui sait ? Peut-être que lui comme vous, vous apprendrez mutuellement des choses.

Dites-nous en commentaire celui que vous préférez, ou celui qu’on a oublié ! N’hésitez pas à nous raconter une expérience de clients qui vous a marqué, fait sourire ou énervé.

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Petit éloge de la plaidoirie ou Histoire d’un faux avocat à la robe trop serrée

Petit éloge de la plaidoirie ou Histoire d’un faux avocat à la robe trop serrée

L’affaire est cocasse. La semaine dernière, un article de la presse régionale relayé par la suite par la presse nationale annonçait qu’un escroc prétendu avocat qui avait eu le culot de défendre un accusé dans une quelconque affaire d’escroquerie avait été trahi par sa plaidoirie et sa robe noire un peu trop petite pour lui ! Cette affaire peut prêter à sourire. Elle est pourtant révélatrice. En effet, dans l’imaginaire collectif, un avocat, c’est une robe noire et des plaidoiries. Une vision peut-être réductrice mais néanmoins symptomatique d’un système à l’ancienne qui a peut-être encore du bon, n’en déplaise à ses détracteurs.

Comme le souligne Laurent Béard, substitut du procureur, dans l’affaire sus évoquée, « nous voyions bien que nous n’étions pas sur une plaidoirie habituelle.
Il n’y avait ni le ton, ni le contenu juridique, ni les demandes traditionnellement formulées par un avocat ». Le faux avocat à la robe trop serrée, pourtant fier de sa plaidoirie, a logiquement été mis en examen pour « exercice illégal de la profession d’avocat » et « escroquerie », il risque jusqu’à un an de prison et 5 000 euros d’amende. C’est qu’il existe un art de la plaidoirie.

Une affaire qu’il est bon de rappeler dans une période difficile pour l’avocat et son art oratoire. La rhétorique de l’avocat. Un fantasme pour tous les étudiants en droit. Pourtant, parait-il, l’ « oralité » n’est plus de bon ton. Et, en effet, force est de constater que l’heure est à la remise en cause de la plaidoirie. La cause ? L’engorgement des tribunaux sans nul doute. Des procès sans plaidoirie serait un gain de temps évident selon les détracteurs de l’oralité (ce qui est sans doute vrai pour certaines affaires). Mais pas seulement. Ceux-là avancent également la nécessité d’une remise à plat intégrale du système de l’audience pris dans sa globalité, une audience qui s’est sans nul doute éloignée de sa finalité originelle pour devenir purement matérielle ou procédurale, entre dépôt et observations à l’appel de cause, faites vos jeux, rien ne va plus !

À l’opposé, la plaidoirie a également ses défenseurs. Et fort heureusement serait-on tenté d’avancer. Ceux-là de replacer l’exercice au cœur même du procès. Et si l’affirmation pourrait passer pour une lapalissade, elle mérite cependant ici d’être soulignée parce que c’est finalement le cœur du débat : une cause ne sera jamais défendue à l’écrit comme elle le sera à l’oral. Elle pourra être bien rédigée, bien argumentée et solide juridiquement parlant mais la rhétorique sera capable de faire passer bien d’autres choses, parce qu’au-delà du raisonnement et de l’intellectuel elle a ce don de faire vivre une affaire. Parce qu’un procès, au-delà du droit, ce sont avant tout des hommes. Plaider ce n’est pas seulement avancer des arguments et les défendre à grands coups de visas, ce n’est pas seulement relire ses conclusions, plaider c’est faire vivre un procès, c’est faire connaitre des protagonistes, c’est parler d’une histoire. C’est faire vivre le principe du contradictoire. Donner un sens. Convaincre. Repenser l’audience oui, mais pas au détriment des plaidoiries. Il faut que l’éloquence se poursuive. Qu’elle retrouve même toutes ses lettres de noblesse et toute sa superbe !

Reste qu’une nouvelle donne est aujourd’hui à prendre en compte : la crise sanitaire pousse en effet sans conteste à une hyper numérisation des métiers. Y compris de la profession d’avocats. Est-ce dire que la plaidoirie vit ses derniers jours ? Gageons que l’avenir nous prouve le contraire. Aussi, la digitalisation du droit ne saurait entraîner celle des audiences. Car un procès sans plaidoirie, c’est aussi enlever un peu plus d’humain à une profession d’ores et déjà fortement digitalisée. Et, à cet égard, la digitalisation de la profession d’avocats plaide d’ailleurs d’elle-même en faveur de la plaidoirie et ce dans une optique simple : remettre l’humain au cœur du procès.

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Débat – Le médiateur, nouveau meilleur ami de l’avocat ?

Avocat médiateur – La médiation par l’avocat. Même si les derniers chiffres sont encourageants, les avocats ont encore parfois du mal à avoir le réflexe médiation. Pourtant, ils doivent faire partie intégrante du processus pour le plein essor de ce mode alternatif au contentieux judiciaire qui a de nombreux atouts depuis longtemps maintenant avérés, parmi lesquels gain de temps, confidentialité, maîtrise des coûts et pacification consensuelle des litiges. Retour sur deux acteurs phares dans la résolution des conflits.

L’avocat médiateur, au cœur d’un processus amiable alternatif de règlement des conflits

Qu’elle soit judiciaire ou conventionnelle, la médiation et l’avocat médiateur reste une possibilité ouverte aux parties de trouver une solution à la résolution de leur conflit en amont du contentieux et, lorsque la justice est déjà saisie, de constituer une option complémentaire au juge susceptible de permettre aux parties de trouver elles-mêmes une issue au litige. Les avantages sont bien connus : pacification du conflit essentiellement ; et résolution (rapide et moins onéreuse, 8 000 € en moyenne à partager entre les parties) du litige si elle aboutit.

Pour rappel, la médiation judiciaire, instituée par la loi n° 95-125 du 8 février 1995, a été insérée par le décret n° 96-652 du 22 juillet 1996 dans le nouveau Code de procédure civile, sous les articles 131-1 et suivants qui la régissent. Depuis lors, les gouvernements n’ont eu de cesse d’en faire la promotion, récemment encore par la loi de programmation de la justice 2018-2022.

En effet, les avantages de la médiation sont nombreux. Le principal ? Rétablir la communication entre les parties et faire en sorte qu’elles trouvent un terrain d’entente en amont du procès. Attention, ce n’est pas a l’avocat médiateur de trouver la solution mais aux parties en conflit. Ce dernier doit simplement s’assurer que l’accord est de bonne foi et qu’il reflète la volonté des parties. L’accord de médiation n’est d’ailleurs pas rédigé par le médiateur mais par les parties ou leurs avocats. Et si aucun accord n’est trouvé, le médiateur informe simplement le juge de ce que les parties ne sont pas arrivées à s’entendre.

Finalement, l’avantage de la médiation avec un avocat, on le voit bien, est de trouver un terrain d’entre entre deux parties en conflit, en amont d’un procès, sous l’œil neutre d’une tierce personne, qui ne privilégiera aucune des parties. C’est également un processus rapide, puisque, sauf exception, un délai de 3 mois maximum doit être respecté. Les dernières statistiques montrent à cet égard qu’en moyenne 70 % des dossiers aboutissent à un accord, au terme d’une quinzaine d’heures.

Le rôle de l’avocat médiateur dans la médiation

La médiation et surtout la perception de la médiation par les avocats a fortement évolué ces dernières années. La preuve : de nombreux barreaux ont aujourd’hui leurs propres centres de médiation et ces centres ont généralement passé avec les juridictions des conventions facilitant la mise en place des médiations. Cette formation n’est logiquement pas sans conséquences sur le recours à la médiation, mieux formé, l’avocat y concède plus facilement et en maîtrise mieux le processus, de l’opportunité d’y recourir à la conclusion de l’accord en passant par tout le processus de médiation auquel il est forcément associé. Et les chiffres s’en ressentent puisque 68 % des avocats reconnaissent la pratiquer*. Et indice des faveurs de la médiation, certains avocats y voient aujourd’hui un potentiel de développement de leur activité professionnelle*.

Aussi, on le voit bien, le rôle de l’avocat est ici majeur dans la résolution en amont du litige : il doit non seulement informer son client de l’intérêt de la médiation en amont du procès, mais il s’en trouve ainsi également associé. Ceci n’est pas anecdotique : des statistiques ont montré qu’une médiation avec la présence des avocats des parties concernées avait 70 % de chances d’aboutir, contre 30 % pour celle l’excluant.

Informer, soutenir son client, l’avocat doit enfin concourir à la rédaction du protocole d’accord. Là encore, son rôle n’est pas anodin. C’est en effet le seul à même de garantir que les parties ont conclu l’accord en pleine connaissance de leurs droits.

Et si tout le monde s’entendait ?

La médiation n’est pas l’apanage du juge, de l’avocat, ni même du médiateur. Elle doit au contraire être la révélation et l’aboutissement d’un travail collectif. Pris isolément, elle ne présente qu’un intérêt limité, en revanche, elle s’avèrera terriblement efficace si les différents protagonistes travaillent de concert. Le chef d’orchestre est ici sans nul doute le magistrat, il ne faut pas oublier non plus les greffiers, qui sont en contact direct avec les justiciables, peut-être plus que nul autre même. Le rôle de l’avocat on l’a vu est également déterminant. Enfin, évidemment, une médiation aura plus de chances d’aboutir avec un médiateur qualifié et garant d’un juste équilibre. Là encore, les choses évoluent, puisque qu’aujourd’hui 51 % des médiateurs désignés sont issus des professions juridiques contre 49 % issu du monde de l’entreprise.

* Enquête sur les Avocats et la Médiation 2020, Village de la Justice. Précision étant faite que les pourcentages ici avancés correspondent au pourcentage de répondants.

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Barème Macron – La fronde s’organise

Barème Macron : la fronde s’organise 

L’on se souvient de l’arrêt de la Cour d’appel de Rouen, qui, le 25 septembre 2019, il y a donc un peu plus d’un an maintenant, s’élevait le premier contre la « rigidité » (nous y reviendrons) du barème Macron, relevant au passage que « le contrôle de conventionnalité ne dispense pas, en présence d’un dispositif jugé conventionnel, d’apprécier s’il ne porte pas une atteinte disproportionnée aux droits du salarié concerné c’est-à-dire en lui imposant des charges démesurées par rapport au résultat recherché ». L’affirmation n’est pas anodine et doit être soulignée, elle consacre en effet une analyse in concreto, analyse qui permet au juge de fixer lui-même les indemnités de licenciement du salarié lésé en s’affranchissant donc ni plus ni moins dudit barème et de prendre en compte la réalité du préjudice subi, pour reprendre une expression largement reprise depuis. Une réparation du préjudice proportionnelle au préjudice somme toute. Logique. Pas tant que cela.

Le barème Macron au cœur de la vindicte judiciaire

Pour mémoire, depuis l’entrée en vigueur des ordonnances dites Macron de 2017, les indemnités de licenciement sans cause réelle et sérieuse sont plafonnées et enfermées dans un barème qui ne prend en compte que deux critères : l’ancienneté du salarié dans l’entreprise et la taille de celle-ci. À cette seule lecture, l’on comprend bien la rigidité, voire l’inadéquation d’un tel barème à la réalité du préjudice du salarié licencié abusivement, âge, charges de famille, état de santé, état du marché de l’emploi…. Pour exemple, si l’on rappelle que l’on compte ici en mois de salaires bruts, le premier chiffre correspondant à l’indemnité minimale et le second à l’indemnité maximale, un salarié ayant 1 an d’ancienneté recevra, encore une fois peu importe le préjudice subi, entre 1 mois et 2 mois de salaires en indemnités de licenciement, un licenciement jugé sans cause et réelle et sérieuse, pour une entreprise de plus de 11 salariés ; entre un demi mois et deux mois pour une entreprise de moins de onze salariés. L’indemnité minimale ne bougeant pas, pour les entreprises de plus de onze salariés, et restant figée à 3 mois, quelle que soit l’ancienneté du salarié, et s’échelonnant entre 2 et 20 mois pour l’indemnité maximale, 20 mois valant pour le salarié ayant trente ans d’ancienneté. Idem pour les entreprises de moins de 11 salariés.

L’appréciation in concreto nouveau fer de lance des juges du fond

C’est de ce contexte juridique, fixé à l’article L. 1235-3 du Code du travail, qu’est née la fronde. Faisant fi de ce baromètre, les juges du fond ont ainsi décidé de continuer à déterminer par eux-mêmes le montant des indemnités prud’homales dues en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse. Reims, Grenoble, Angoulême, Bobigny et maintenant Bourges, l’analyse concrète semble avoir le vent en poupe. Nous mettrons ici de côté la décision des juges parisiens plus ambiguë, évoquant juste l’idée d’une réparation adéquate.

Les critères entrant en jeu ?  Ils dépendront logiquement de la situation propre à chaque salarié. Mais, classiquement, quelques « grands » critères se dessinent. Les juges prennent ainsi généralement en considération l’âge du salarié licencié, sa situation de famille, son état de santé aussi, mais pas seulement. L’arrêt du 6 novembre dernier, rendu par la Cour d’appel de Bourges, est à cet égard des plus révélateurs. Les juges ont en effet écarté l’application du barème Macron en tenant compte du critère classique de l’âge du salarié, mais en y ajoutant également ses recherches d’emploi et les tensions du marché actuel de l’emploi. Le raisonnement est dans un premier temps identique à celui des juges rouennais : « lorsqu’un licenciement est injustifié, le contrôle de conventionnalité ne dispense pas, en présence d’un dispositif jugé conventionnel, d’apprécier s’il ne porte pas une atteinte disproportionnée aux droits du salarié concerné en lui imposant des charges démesurées par rapport au résultat recherché, en l’occurrence l’indemnisation intégrale du préjudice qu’il a subi ». Et de préciser par la suite : « Or, en l’espèce, il apparaît que M. B était âgé de 59 ans au jour de son licenciement et comptabilisait 5 années d’ancienneté au sein de l’entreprise. Il justifie d’un nombre impressionnant de recherches d’emploi demeurées vaines sans qu’il puisse lui être reproché de ne pas les avoir circonscrites à son domaine de compétences, la logistique. En effet, eu égard à son âge et au marché français de l’emploi, il était de son intérêt d’étendre ses recherches bien au-delà de son domaine principal de compétences. Il ne peut davantage lui être reproché la tardiveté de ses recherches puisque, sur la période d’octobre 2019 à juillet 2020, il justifie d’au moins 177 dépôts de candidatures ».

La décision est d’une logique implacable. La difficulté à retrouver un emploi, qui plus est eu égard au contexte de crise sanitaire, risque ainsi de devenir un critère essentiel dans l’appréciation concrète des juges du fond. Et le mode opératoire qu’est l’appréciation in concreto de trouver ici tout son sens.